ISLANDE | Trek du Laugavegur et vallée de Thórsmörk

22 mars 2024 | Voyages

Voyager en Islande, c’est un projet qui me faisait envie depuis bien longtemps. L’étrangeté de cette île et ses paysages désolés ont quelque chose de réellement fascinant, d’autant plus lorsque l’on est adepte de photographie de nature. L’année passée, nous nous sommes donc enfin décidés ma compagne et moi d’y partir pendant 3 semaines. Pour des gens comme nous plutôt habitués aux Alpes et aux forêts jurassiennes, c’était la promesse d’un dépaysement total !

Notre séjour se fera finalement de fin août à mi-septembre 2023, une fenêtre qui nous évite le gros de la saison touristique tout en permettant un accès aux hautes-terres, généralement impraticables hors de la période estivale.

Dans cette première partie du voyage, on se lance sur l’un des treks les plus emblématiques de l’île : le Laugavegur. Un tracé à travers les hautes-terres islandaises partant de la zone géothermique du Landmannalaugar pour s’achever aux portes de la vallée glaciaire de Thórsmörk, c’est un parcours extrêmement varié en termes de paysages et relativement accessible pour les personnes familières de la randonnée en montagne.

Table des matières

Itinéraire

Jour 1 : Landmannalaugar – Álftavatn

Jour 2 : Álftavatn – Emstrur

Jour 3 : Emstrur – Thórsmörk

Jour 4 : Thórsmörk

Quelques infos pratiques

Itinéraire

Le Laugavegur dans sa version de base fait environ 54km, il se parcourt généralement en 3 ou 4 jours :

Il existe également une variante ajoutant une grosse étape supplémentaire (assez exigeante au niveau du dénivelé) pour rejoindre Skogar depuis Thórsmörk. Initialement c’est celle-ci que nous voulions parcourir, mais la météo du dernier jour en a décidé autrement et nous avons préféré explorer la vallée de Thórsmörk sur une grosse demi-journée à la place.

C’est d’ailleurs très souvent le cas avec l’Islande, les conditions météo peuvent se dégrader très rapidement. Il vaut donc mieux se renseigner auprès des gardiens des refuges des campements si vous avez le moindre doute sur les prévisions.

Jour 1 : Landmannalaugar – Álftavatn

Les montagnes hallucinées – Longueur de l’étape : 20,5 km et 914 m D+

Cette première journée débute dans le bus 4×4 reliant Reykjavik au site du Landmannalaugar. Si la première heure et demie du trajet n’est pas passionnante, l’horizon prend vite une toute autre ampleur une fois que le véhicule fait son entrée dans les pistes des hautes-terres. Nous aurions envie de nous arrêter à chaque nouveau virage pour contempler les immensités qui défilent à travers la vitre.

Le bus nous dépose finalement à notre point départ en fin de matinée, et même si nous en prenons plein la vue dès notre arrivée, on essaie de ne pas trop flâner autour du camp de base du Landmannalaugar. Il y a 20km à faire pour cette première journée (c’est notre étape la plus longue) et la masse de monde présente dans la zone n’invite pas forcément à la contemplation. Juste le temps d’acheter une petite recharge de gaz pour notre popote de ces prochains jours, et nous partons.

C’est d’ailleurs un peu déroutant de voir autant de personnes dans une zone si reculée, mais après une petite heure de marche sur le tracé, on se rend vite compte que la plupart des touristes vont au Landmannalaugar pour des excursions à la journée et ne s’éloignent pas vraiment des courts itinéraires proposés autour du camp. C’est plutôt dommage au vu du prix des billets de bus et du nombre de choses à découvrir dans la zone, mais on ne va pas s’en plaindre.

Dès la première montée, nous nous retrouvons face à des paysages complétement irréels :

Plusieurs choses semblent contribuer à l’étrangeté de ces montagnes : ces couleurs légèrement pastel, entre les tons ocres des pierres volcaniques et le vert clair de la mousse qui se dépose par endroits sur le sol aride. Et ensuite, cette dissonance provoquée par le contraste entre des paysages d’apparence désertique et un climat ambiant plutôt froid et bien humide. C’est une expérience hors du temps, et on oublie bien vite le poids de nos sacs à dos face à une telle altérité dans les reliefs parcourus.

Plus en altitude, à proximité du premier refuge d’Hrafntinnusker (ça se prononce comme ça s’écrit, vous en faites ce que voulez), les tons ocres des débuts commencent à s’effacer pour des roches un peu plus sombres et quelques tâches de neige font leur apparition. Nous traversons alors ce long plateau bossu et couvert de mousses étranges :

A cet endroit, l’odeur de souffre qui s’échappe des quelques fumerolles est omniprésente. Mais on s’habitue finalement assez vite à ces vapeurs nauséabondes après quelques jours passés sur l’île.

Le chemin finit par nous emmener sur une crête descendant doucement en direction du lac d’Álftavatn. Si le ciel commence à sérieusement se couvrir, le panorama lui, s’ouvre de manière grandiose sur la suite du tracé :

Sur les hauteurs d’Álftavatn.

Nous traversons une première rivière à gué en bas de cette descente et finissons notre étape du jour près des rives du lac. Il y a là une aire de campement aux abords du refuge et nous pouvons y poser la tente pour la nuit.

Cette première étape du Laugavegur est sans aucun doute la plus variée et la plus impressionnante du parcours. Avec le recul, on aurait certainement mieux fait de la couper en deux étapes plus courtes en s’arrêtant au premier campement autorisé (Hrafntinnusker). Pas tellement pour des raisons de difficulté ou de distance, mais plutôt pour pouvoir s’autoriser de plus longs arrêts et profiter davantage de la variété des paysages sous différentes conditions lumineuses.

Jour 2 : Álftavatn – Emstrur

Le désert noir – Longueur de l’étape : 15,5 km et 414 m D+

Nous débutons la deuxième journée sous de légères éclaircies, il commence à y avoir un peu d’herbe et le paysage en deviendrait presque bucolique à proximité du lac d’Álftavatn :

C’est cependant de courte durée, car quelques kilomètres plus loin se trouve le désert de cendres de Mólifellssandur. Une longue étendue sombre et aride entrecoupée par quelques rivières.

C’est une portion assez conséquente, mais la sensation de progresser dans un véritable désert (le sol est couvert de cendres très fines sur lesquelles on marche comme dans du sable) est suffisante pour briser le caractère monotone de l’endroit.

Une fois la zone désertique traversée, nous arrivons gentiment au campement d’Emstrur. Comme pour l’étape précédente, il s’agit là aussi d’un refuge autour duquel se trouve une petite aire de campement. Le petit plus de celui-ci étant une tente commune permettant de faire chauffer son repas à l’abri du vent et de manger au sec en compagnie des autres campeurs de l’étape.

En parlant des autres randonneurs, on y surprend un groupe d’italiens déjà rencontrés sur le campement précédent, ils semblent sérieusement se disputer à propos d’un sujet sensible. Ma copine comprenant très bien la langue m’apprendra que le propos de la discorde n’était finalement qu’une sombre histoire de partage de salami… Ma foi, on ne plaisante pas avec le patrimoine culinaire.

L’étape du jour n’ayant pas été trop fatigante, nous poursuivons la soirée par une ballade aux abords du campement, le long du canyon de Markarfjot. L’endroit est vraiment imposant, c’est une sorte d’immense faille avec un cours d’eau au fond, dévoilant de multiples couches géologiques sur toute sa hauteur. Le sentier nous emmène sur un promontoire, et nous permet également de contempler la chaîne de montagne située au sud avec ses immenses glaciers millénaires :

Si vous vous arrêtez au campement d’Emstrur, c’est vraiment quelque chose à voir. Le parcours se fait facilement sur une boucle d’environ 3km en partant du refuge.

Jour 3 : Emstrur – Thórsmörk

Entre-deux mondes – Longueur de l’étape : 16 km et 430 m D+

Cette troisième étape fait office de transition entre les étendues désolées des hautes-terres et la végétation de plus en plus présente à mesure que l’on se rapproche de la vallée de Thórsmörk. Nous retrouvons enfin quelques étendues herbeuses le long du chemin et la fin du parcours se fait même dans une forêt naissante de bouleaux et de fougères.

Le soleil brille fort tout au long de la journée, ce qui rend certes la marche très agréable mais n’invite pas forcément à sortir énormément l’appareil photo.

Le campement se fera cette fois-ci aux Volcano Huts, un sympathique camping a proximité de Thórsmörk, idéal pour ceux qui souhaiteraient explorer la zone sur plusieurs jours.

Nous apprenons cet après-midi-là que la météo va se gâter sérieusement, avec une tempête en provenance du sud-ouest annoncée pour la fin de journée du lendemain. Cela nous contraint à annuler l’étape initialement prévue jusqu’à Skogar, cette dernière étant longue et très exposée aux vents en raison de son altitude.

On optera donc plutôt pour une grosse demie-journée à explorer Thórsmörk le jour suivant, afin de pouvoir reprendre le bus 4×4 pour la capitale avant le début des intempéries. Décision qu’on ne regrettera absolument pas vue la beauté de la vallée.

Jour 4 : Thórsmörk

Dans la vallée des dieux

Profitant de l’opportunité de laisser notre tente et nos affaires de couchage au camping pour la journée, nous planifions donc un beau parcours à travers la vallée glaciaire. Premier objectif : le célèbre point de vue du Valahnùkur, auquel on ajoute une grande boucle autour du mont Tindfjöll situé plus en profondeur dans la vallée.

Le Valahnùkur est sûrement l’endroit le plus mis en avant de Thórsmörk et ce n’est pas pour rien. La vue à 360° autour du sommet est à couper le souffle. Entre les glaciers qui se détachent de la chaîne montagneuse en face et les méandres formés par les rivières en contrebas, la grandeur des lieux est saisissante. Ici particulièrement au lever du jour :

Difficile de revenir avec des images très originales du lieu, tant il est réputé auprès des photographes de paysages. Mais ça reste un spectacle extraordinaire.

Le vent commençant déjà à forcir, nous ne nous attardons pas trop longtemps au sommet et descendons plutôt vers le refuge de Langidalur. De là, on entame une nouvelle ascension sur les pentes longeant le mont Tindfjöll. Ce chemin nous rapproche de plus en plus du fond de la vallée, en face d’impressionnants glaciers et de reliefs de plus en plus escarpés. Cette section de Thörsmork a de véritables airs de bout du monde et nous y croisons très peu de randonneurs.

Sur le chemin du retour on aperçoit au loin le sommet de Rjupnafell, un coin qui semble également très prometteur (un aperçu dans cette impressionnante vidéo de Leonardo Grillo). Malheureusement l’accès est plutôt accidenté et nous manquons de temps, ce sera peut-être pour une prochaine fois !

Alors que la pluie se met à tomber, nous terminerons ces premiers jours de randonnée en reprenant tranquillement le bus pour Reyjkjavik dans l’après-midi. Comblés par cette petite aventure sur le Laugavegur, et impatients de découvrir le reste de l’île durant les 2 semaines qui suivront.

J’espère que ces quelques photos et le récit qui va avec vous auront plu. Vous pourrez retrouver prochainement parmi les autres articles la seconde partie du voyage. Cette fois-ci, le long des côtes sud de l’île et à la découverte des fjords de l’Est !

Quelques infos pratiques

  • Il est possible de se rendre au Landmannalaugar ou à Thörsmork en véhicule de location (4×4 obligatoire), mais ces itinéraires se situent sur des pistes en gravier (F-Roads) parfois compliquées et qui nécessitent de traverser des cours d’eau. Si vous souhaitez vous rendre pour quelques jours dans ces lieux ou parcourir le Laugavegur, les trajets en bus 4×4 proposés par Reykjavik Excursions restent alors une très bonne option.
  • Le camping sauvage est interdit sur tout le tracé du Laugavegur, les seuls endroits autorisés sont des aires de campement aux abords des refuges. Vous devez vous annoncer à votre arrivée auprès des gardiens et payer votre emplacement (tarif généralement autour de 2500 ISK / 16 euros par personne), ce forfait comprend également un accès aux sanitaires de bases (toilettes, robinets). Il est aussi possible de dormir en refuge si vous ne souhaitez pas transporter de tente, mais il faut réservez votre place suffisamment à l’avance.
  • Prévoyez de préférence une autonomie en nourriture pour toute la durée de votre tracé, il est possible d’acheter quelques snacks de base dans les refuges mais les prix sont généralement élevés.
  • Il y a plusieurs rivières à franchir à gué sur le Laugavegur et il peut être intéressant de prendre une paire de sandales pour être plus stable sur le fond lors de ces traversées. Le niveau de l’eau peut bien sûr varier selon les intempéries, mais lors de notre randonnée en fin août la hauteur dépassait rarement le bas des cuisses.

Si vous avez d’autres questions pratiques n’hésitez pas à les laisser en commentaire, je tenterai d’y répondre régulièrement !

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